lundi 12 février 2018

L’abécédaire d’In Principo - Lettre n°6 : F comme… Facilitation !

Deux fois par mois, In Principo vous invite à réviser une notion clé pour nos organisations d’aujourd’hui et de demain. Pour cela, nous donnons la parole aux personnes rencontrées dans les entreprises dont nous accompagnons la transformation collaborative. Après Guillaume, qui nous a partagé sa définition de l’Engagement en milieu professionnel, nous poursuivons aujourd’hui avec Claire et la lettre F comme Facilitation

Selon Wikipédia, “la facilitation peut être vue comme un ensemble de fonctions dynamiques qui sont exécutées avant, pendant et après une rencontre pour aider un groupe à atteindre ses objectifs”. La facilitation vise également à “répondre aux exigences économiques auxquelles les organisations doivent faire face par un développement plus harmonieux des relations sociales”. Dans ces deux définitions, la facilitation d’un groupe de personnes est vue comme un moyen de l’aider à atteindre ses objectifs, y compris économiques.

A quoi ressemble la facilitation en entreprise ? Que signifie être facilitateur d’un groupe ? Aujourd’hui, In Principo donne la parole à Claire, une consœur qui est devenue progressivement facilitatrice de grands groupes, après une longue expérience de formatrice en entreprise.

Quelle différence faites-vous entre vos rôles de formatrice et de facilitatrice ? “Lorsque j’anime une formation, mon principal objectif est de permettre à chaque participant de développer des compétences professionnelles et personnelles. Lorsque je facilite un groupe, mon objectif est de créer les conditions pour que les participants parviennent collectivement à atteindre les objectifs du groupe. Dans une formation, j’ai souvent en tête des besoins et des objectifs de développement pour le groupe. Dans une facilitation, je dois faire émerger et traiter les propres besoins et objectifs du groupe”.

Est-ce difficile pour une formatrice expérimentée de devenir facilitatrice ? “La principale difficulté réside, selon moi, dans le changement de posture. Quand je suis formatrice, je suis le plus souvent debout, à proximité d’un écran ou d’un paperboard, face à un groupe qui est assis devant moi. Il y a donc une relation de pouvoir qui s’installe car je suis la seule à maîtriser le contenu, l’agenda de la journée, les exercices qui seront proposés…”

“Quand je suis facilitatrice, je suis souvent assise au milieu du groupe. Je suis au même niveau que les autres participants. Je n’ai pas vraiment de contenu à partager. Les principaux sujets sont le groupe lui-même, les objectifs qu’il souhaite atteindre et la dynamique collaborative qu’il va parvenir à créer. Je dis souvent qu’en facilitation, la star c’est le groupe. En formation, il arrive souvent que la star ce soit le formateur”.

Voyez-vous d’autres distinctions entre ces deux métiers ? “Je trouve que la relation avec le client ou le commanditaire est assez différente. Quand je suis formatrice, je m’engage sur des moyens pédagogiques qui vont favoriser le développement des compétences. Il y a donc un résultat précis qui est attendu, même s’il est parfois difficile à mesurer avec précision”.

“Quand je suis facilitatrice, je m’engage à créer les conditions d’une dynamique collaborative. Parfois les objectifs visés par le client sont exactement ceux visés par le groupe. Parfois les attentes du client sont en décalage avec les besoins réels du groupe ou avec ses capacités collaboratives du moment. Dans ce cas, le facilitateur doit trouver le juste équilibre entre servir le groupe et servir son client”.

Vous voulez dire qu’être facilitateur vous semble plus difficile qu’être formateur ? “Dans ma relation aux commanditaires, je trouve effectivement que c’est plus complexe. Par exemple, j’ai rarement eu des difficultés à proposer un parcours de développement, sur six à huit mois, composé de différents modules de formation espacés dans le temps. Car mes clients visualisent assez facilement que les compétences doivent s’acquérir sur la durée, avec des allers et retours réguliers entre des sessions de formation collectives et des temps de mise en pratique opérationnelle sur le terrain. En revanche, quand je leur propose de mettre en oeuvre une véritable dynamique collaborative entre différents acteurs, sur plusieurs mois, avec trois ou quatre sessions animées en intelligence collectives, c’est souvent plus difficile à visualiser et donc à acheter pour mes clients”.

Selon vous, qu’est ce qui fait un bon facilitateur ? “Selon moi, le bon facilitateur ne doit pas être obnubilé par le séminaire de quelques jours ou la session de quelques heures qui va lui être confié par un client. Comme pour un formateur, il faut se soucier de tout ce qui se passe avant et après son intervention. Il en va du développement des compétences comme de la transformation collaborative des organisations : c’est vraiment une démarche qui prend du temps”.

“Si je facilite un groupe pendant quelques heures ou quelques journées en lui offrant des conditions collaboratives qu’il ne retrouvera pas de retour au travail, cela peut être contre-productif. Le bon facilitateur est celui qui fera prendre conscience au groupe que les dynamiques collaboratives peuvent et doivent se propager dans le quotidien de son organisation”.

Et qu’est ce qui, selon vous, caractérise une bonne séquence de facilitation ? “Une bonne facilitation doit d’abord être un vrai moment d’accueil et d’ouverture : un moment d’accueil de chaque participant, avec ses attentes et ses besoins personnels ; un moment d’accueil du groupe, avec sa maturité et sa dynamique relationnelle ; un moment d’accueil pour les surprises et pour les imprévus de tous ordres”.

“Une bonne facilitation doit permettre aux participants d’un groupe de réfléchir ensemble, de partager des idées ou des ressentis, de co-construire des solutions. Il est donc crucial d’être en capacité d’accueillir toutes les réflexions, les idées, les sentiments et les solutions qui vont émerger du groupe. Pour le facilitateur dont c’est le métier, c’est relativement simple. Pour le client qui aime contrôler le processus de travail de ses équipes ou encore pour celui qui souhaite maîtriser la nature des livrables qui seront produits, c’est parfois plus difficile à accepter”.

Et vous, chère lectrice ou cher lecteur, quel regard portez-vous sur la facilitation d’un groupe ? Et comment faites-vous pour susciter de véritables dynamiques collaboratives au sein de votre organisation ?